... En ville, les voisins sont comme une zone industrielle à la campagne, en trop ...
... Meuh nan je déconne... M'enfin un brin d'ironie n'est point superflu quand il s'agit d'aborder la délicate question du voisinnage. Si si, délicate, parce que jusqu'à mes seize ans, il faut croire que je vivais dans le merveilleux petit monde des bisounours. Mes parents louaient pour 4 000 francs (en province hein, faut pas déconner) un merveilleux F6, où il faisait bon vivre. L'immeuble se découpait en quatre appartements identiques qui n'abritaient que leurs potes et leur rejetons... Notre terrain de jeu s'étendait depuis un immense jardin, filant dans les caves, puis dans chacun des appartements pour finir dans les greniers et chambres de bonnes adjacentes... J'vous raconte pas les parties de cache-cache de la mort qu'on s'faisait. Elles duraient 3 bonnes heures. Parfois on retrouvait p'tit Louis, la nuit tombée, tout plein d'toiles d'araignées, tirant la tronche parce qu'on l'avait oublié. Quand maman nous préparait un gâteau au chocolat, mais qu'il lui manquait 100gr de sucre ou autre, bin qu'on était envoyé dans la cage d'escalier avec un verre mesureur en quête d'une âme charitable. La mission était aisée, y'en avait à tous les étages, des âmes charitables... En retour nous portions fièrement à nos généreux voisins une grosse part de gourmandise maison. Cette solidarité s'exprimait en toute chose, alors forcément, quand vint mon tour de m'installer, la chute fut très violente, parce que je ne sais pas pour vous, hein, mais cotoyer des voisins hyper sympas est au moins aussi tendu que de décrocher la timballe au loto. Bon en même temps, j'ai grandit, tout du moins en âge au regard de ma bouille désespèrement proche du sol, et j'ai compris, oui j'ai compris que non, tout le monde il est pas beau, tout le monde il est pas gentil, et j'ai fait le deuil du voisin pote hyper sympa... Il faut de tout pour faire un monde, et donc de tout pour faire ton voisinnage, un peu comme :
# L'inconnu : Celui que tu ne croises que de dos, quand tu as la tête dans ta boîte aux lettres, et qui jamais ne te dira bonjour, ou pis encore, ne répondra à tes salutations... Celui qui si par malheur risque de se retrouver en ta seule compagnie dans l'ascenceur, regardera ses pompes pendant les 9 ètages qui le séparent de son foyer.
# La rêveuse : Fort sympathique à première vue, j'en avais eu une de ce type autrefois, elle semait ses affaires deci delà, toujours dans la lune, tantôt je lui rendais ses clés laissées sur sa porte, tantôt ses lettres oubliées en dehors de leur boîte. J'me demandais souvent ce qu'il se passerait s'il elle se comportait avec son arrivée de gaz ou de flotte de la même façon qu'avec ses clés... L'angoisse...
# Le flippant : Le neurasthénique du troisième à tendance perverse, qui se trimballe dans les couloirs avec sa bouteille de rouge, en quête de tire bouchon. Il est en robe de chambre multi-teintes (crasse, sueur, et le reste), le croiser dans les couloirs vous glace le sang direct, dans le local à ordure vous plonge dans une crise panique aïgue.
# La vieille et ses chats : Est adorable, certes, mais sourde... Le son de sa télé tonitruante, bloquée sur Derrick ou la Messe, le dimanche matin, bin c'est un peu dur !
# La Nympho : Le Comte de Gnoufignac et l'Chafoin vécurent autrefois en amoureux. Ils avaient un petite voisine fort sympathique, qui leur proposait généreusement sa couche lorsqu'ils avaient froid, un coup l'un puis un coup l'autre... Jusqu'au jour où ils lui proposèrent avec toute la délicatesse qu'on leur connait, s'ils pouvaient se réchauffer tous deux en même temps dans ses draps... La demoiselle s'offusqua, nympho, oui, mais pas porno-multitâche...
# La psycho-rigide : Notre actuelle et chèèère voisine, dont le foyer se trouve être en dessous de notre salon est un poil tatillonne sur le bruit. Alors que nous nous étions installés depuis quelques semaines à peine, un jour apparut sous notre porte, quelques minutes après mon retour dans la maisonnée, cet agréable billet : "Chère mademoiselle, c'était vraiment bien, hier à 21h18, quand nous avons entendu que vous enleviez vos chaussures à talons. Merci, vos voisins". Plutôt que de sonner hein, la vilaine glissait ce fourbe mot comme une chafouine, je n'avais même pas enlevé mon manteau qu'elle me réprimandait sur mes talons, que je ne porte jamais chez moi, je suis normale, j'aime me mettre à l'aise... Mais pas, non plus, dans les trois secondes, hein, faut pas pousser mémée... Pycho-rigide, mais bruyante aussi la gourgandine, enfin son clébard plutôt, qui hurle à la mort H24 dès que la louve n'y est pas ! J'en avais eu une autre autrefois, qui vint me reprocher de l'avoir réveillée à 22h en me servant un verre d'eau ("vous comprenez les canalisations sont vieilles mademoiselle")...
Houlala mais c'est que c'est très long là comme billet doux dites moi ;-) ! C'est effrayant, pourtant je ne vous ai pas encore parlé du voisin raciste (vivi, je suis une petite blanche française mais je n'y ai pas coupée...), le voisin fiesta 100%, l'écolo veilleur du local poubelle, le p'tit jeune qui découvre son premier appart... Râaaaaa mais dites moi, et vous, vos voisins, sont y comment ? Bien ou bien ?